Stop Epr et sa ligne THT : l'Etat, EDF et Areva mentent !
Stop EPR et sa ligne THT : l'Etat, EDF et Areva mentent!
1. Les besoins en électricité de la France nécessitent la construction d'une nouvelle centrale nucléaire équipée d'un réacteur EPR.
Faux
- La France est déjà suréquipée en nucléaire qui assure 80% de la production d'électricité (environ 30% en Allemagne et au Japon). Une telle proportion est dangereuse en termes de sécurité énergétique (dépendance d'une seule source et d'une seule technique) et défavorable sur le plan économique (le coût du kWh nucléaire augmente très rapidement lorsque la durée d'utilisation diminue).
- La France produit déjà plus d'électricité qu'elle n'en consomme : en 2004, les exportations nettes ont représenté 13% de la consommation intérieure. Ces exportations – dont l'origine est la surcapacité du parc - ont un intérêt économique discutable tandis que les déchets radioactifs et les risques associés à la production correspondante restent "nationaux". Cette production peut donc être affectée progressivement à la consommation nationale, ce qui évite de nouveaux investissements.
- Jusqu'en 2025 au moins, les besoins de base en électricité peuvent être largement remplis par le nucléaire existant, sans nouvel investissement.
- Du fait de la surcapacité nucléaire, la France surconsomme de l'électricité, pour tous les usages et notamment pour le chauffage électrique, ruineux pour les consommateurs. En 2004, la consommation finale d'électricité par habitant de la France était de 6940 kWh, contre 6200 pour l'Allemagne.
La construction de l'EPR ne répond à aucun besoin. C'est une dépense supplémentaire considérable qui va retomber sur le budget des consommateurs et dont la seule finalité est le soutien à une industrie nucléaire qui engage la France sur des choix néfastes, tant sur le plan énergétique qu'environnemental et de politique industrielle.
Ce dont la France a besoin est d'abord de sobriété et d'efficacité dans les utilisations de l'électricité ("NegaWatt") et de production d'électricité décentralisée, au plus près des consommateurs, à partir des énergies renouvelables. Si nécessaire, les besoins de pointe peuvent être fournis par des centrales au gaz naturel à cycle combiné.
2. EPR est un réacteur de 3ième génération, plus sÛr que les autres,
Faux
- Le réacteur EPR est le dernier "modèle" des réacteurs à eau ordinaire et uranium enrichis dits de "2ième génération" qui équipent les centrales nucléaires françaises lancées depuis 1970 (démarrage de la centrale de Fessenheim en 1977) et surtout après 1974. Ce modèle est celui des réacteurs américains des années 60 dérivés des moteurs de sous-marins nucléaires.
- Ce réacteur ne présente pas d'amélioration décisive sur le plan du risque d'accident majeur : EdF reconnaît dans un document classé Confidentiel Défense qu'il ne résisterait pas au crash d'un gros avion de ligne.
- Ce réacteur ne présente aucun progrès en termes de nature des déchets radioactifs et une très faible réduction des quantités de ces déchets.
- Ce réacteur est prévu pour utiliser des combustibles au plutonium (MOX), ce qui perpétue le retraitement des combustibles irradiés et la production de plutonium, techniques et matière hautement "proliférantes" (risque de détournement de matière nucléaire permettant la fabrication d'une bombe nucléaire).
L'accroissement du parc nucléaire par ce nouveau modèle de réacteur ne fait qu'augmenter la vulnérabilité du système français de production d'électricité aux bouleversements climatiques (accident du Blayais durant la tempête de 1999; réchauffement des eaux de rivière par le refroidissement des centrales, risques sur le réseau) et sa fragilité vis-à-vis des agressions extérieures et des risques technologiques sur l'ensemble de la filière.
3. EPR doit être le réacteur nucléaire du XXIième siècle, dans le monde entier
Faux :
- EPR ne répond pas aux exigences de sûreté relatives au risque d'accident majeur.
- Il en est de même des industries du combustible nucléaire (retraitement, production et transport du plutonium, usines de fabrication du MOX) et des transports – nationaux et internationaux) des matières nucléaires.
- EPR produit des déchets radioactifs qui seraient dangereux pendant des centaines et des milliers d'années : aucune solution n'existe à ce jour pour leur élimination et leur stockage représente un fardeau insupportable pour les générations futures, même les plus proches.
- La fabrication du combustible nucléaire de l'EPR repose sur des techniques "proliférantes" : enrichissement de l'uranium, retraitement des déchets et production de plutonium, utilisation du plutonium comme combustible.
- Le recours au nucléaire ne peut être une solution universelle comme le montre l’exemple iranien. Au contraire les renouvelables sont elles bel et bien universelles et d’ailleurs leur marché est aujourd’hui beaucoup plus important que celui du nucléaire.
L'argument de l'exportation de centrales EPR dans le monde entier a déjà été utilisé dans le passé pour justifier l'ampleur du programme lancé en 1974 : en trente ans, seules 8 unités ont été vendues (pour 58 construites en France). Le marché déjà très faible des centrales nucléaires de grande puissance comme EPR est réservé de fait à des pays qui les construisent ou les construiront d'eux-mêmes.
La décision de construire EPR dont la technique est déjà obsolète est une erreur de politique industrielle dans les choix des technologies énergétiques à développer : les conséquences sur l'économie et sur l'emploi dans le secteur énergétique seront graves.
4. Grâce à EPR, la France accroît son indépendance énergétique et se protège de la hausse des prix du pétrole
Faux :
- La place du nucléaire dans le bilan énergétique français est toujours exagérée : l'électricité ne représente que 22% de la consommation d'énergie finale et la contribution du nucléaire à celle-ci est donc d'environ 17%.
- La dépendance de la France vis-à-vis du pétrole est la même que celle de ses voisins européens et de la moyenne européenne : en 2004, la consommation de pétrole par habitant est de 1,52 tonne en 2004, pour l'Allemagne comme pour la France.
- Le secteur le plus vulnérable vis-à-vis du pétrole est le secteur des transports : il représente 53% de la consommation totale de pétrole et il dépend pour 95% des produits pétroliers.
Une moindre dépendance énergétique et en particulier pétrolière repose sur :
- Des économies d'énergie dans tous les secteurs (sobriété et efficacité).
- Un changement radical de la politique des transports par le développement rapide des modes de transports "doux" et des transports collectifs et du train pour le déplacement des personnes et le développement du train pour les transports de marchandises.
- Le développement des énergies renouvelables pour les usages thermiques et électriques.
5. La construction de l'EPR est un facteur de développement économique et social
Faux :
- Cette dépense inutile va accroître la facture des consommateurs d'électricité.
- L'EPR doit coûter au minimum 3,3 milliards d'euros. Le même investissement en économies d'électricité) permettrait au contraire de réduire cette facture à service rendu égal ou supérieur et d'économiser plus que la production de la centrale EPR. Il permettrait aussi de produire autant d'électricité avec les énergies renouvelables et de créer quinze fois plus d'emplois comme le démontre l'étude "Un courant alternatif pour le Grand Ouest".
- En poussant à la consommation d'électricité, EPR aggrave le gaspillage de l'électricité et donc la facture du consommateur.
- L'accroissement de la consommation d'électricité lié à l'accroissement du parc nucléaire par l'EPR ("il faut bien consommer cette électricité") aura pour conséquence l'accroissement de l'utilisation de combustibles fossiles dans des centrales permettant de fournir de l'électricité en pointe (notamment pour le chauffage électrique), ce qui entraîne des dépenses supplémentaires en investissement et importation de combustible.
Le développement économique et social, comme l'amélioration de l'environnement local et global (lutte contre le changement climatique) réclament en priorité des programmes vigoureux d'efficacité énergétique (dans tous les secteurs et toutes les régions) et de développement des énergies locales et renouvelables.
6. La France développe le nucléaire mais avec autant d'ampleur les économies d'énergie et les énergies renouvelables
Faux :
- A part l'existence de la "grande hydraulique" développée dans le passé et la consommation – elle aussi ancienne - de bois énergie, la France est la lanterne rouge de l'Europe pour le développement des énergies renouvelables modernes (chauffage et chauffe-eau solaire, éolien, petite hydraulique, photovoltaïque, biogaz, biomasse, géothermie). Les annonces récentes sur les carburants de substitution ne doivent pas masquer toutes les questions, notamment environnementales, posées par ce type de production.
- Si la France se situe à un niveau moyen en Europe en termes globaux d'économies d'énergie (des succès indéniables dans le domaine des bâtiments et de l'industrie, des économies réalisées surtout avant le contre-choc pétrolier de 1986), le niveau des économies d'électricité est pratiquement nul et la promotion publicitaire des usages de l'électricité accroît le gaspillage, comme la prolifération des modèles automobiles fortement consommateurs d'énergie.
- Une relance relative se manifeste avec les crédits d'impôts et les tarifs de rachat de l'électricité "renouvelable" mais on est encore loin du compte.
- La "monoculture nucléaire" qui caractérise les budgets de recherche et les décisions publiques en matière d'investissement (EPR essentiellement) freinent ce développement, tout particulièrement pour les usages de l'électricité.
L'effort public dans le secteur de l'énergie doit être réorienté de façon drastique, tant sur le plan de la recherche que de l'investissement, en faveur de la sobriété et de l'efficacité et des énergies renouvelables.
7. L'EPR est un instrument indispensable de la lutte contre l'effet de serre
Faux :
- Il est exact qu'une centrale nucléaire ne produit pas des émissions de gaz à effet de serre; par contre l'ensemble des industries et des transports de cette industrie, de la mine aux déchets, et notamment les transports, ont des émissions qui, sans être au niveau de celles de la combustion des combustibles fossiles, ne sont pas nulles et en tout cas supérieures à celles résultant de programmes d'efficacité énergétique ("a même service rendu, l'énergie la moins polluante est celle que l'on ne consomme pas") et d'utilisation des énergies renouvelables.
- Cet avantage relatif en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à des centrales à combustible fossile (elles-mêmes plus ou moins "émettrices" selon le combustible et la technique) doit être mis en regard des "inconvénients" que représentent les risques d'accidents, les rejets et déchets radioactifs et la prolifération nucléaire.
- Avec son programme actuel, la France a fait le plein des réductions des émissions de gaz carbonique liées à l'utilisation de l'énergie nucléaire. Si l'ensemble du parc nucléaire dédié à la consommation intérieure d'électricité était remplacé par un parc de centrales au gaz naturel à cycle combiné, le gain sur les émissions annuelles brutes de gaz à effet de serre en France serait de 21%. Ce n'est pas rien, mais il reste 79%!
- Par le biais de l'augmentation de la consommation d'électricité, l'accroissement du parc nucléaire par l'EPR renforce le besoin en centrales électriques alimentées en combustible fossile et entraîne par conséquent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
- C'est au niveau mondial que se pose l'enjeu de la lutte contre le changement climatique. Les études publiées par Global Chance montrent qu'une relance massive et aussi rapide que possible du nucléaire au plan mondial, avec tout les risques qu'elle comporterait sur le plan de l'environnement, de la santé et de la paix, n'apporterait qu'une contribution mineure en 2030 à la diminution indispensable des émissions de gaz à effet de serre, en tout cas inférieur à 10% des émissions de CO2 prévues à cette époque.
Que ce soit au niveau national ou au niveau mondial, la réduction des émissions de gaz à effet de serre (il faudrait réduire d'un facteur 4 à l'horizon 2050 dans les pays industrialisés comme la France) n'est possible que par une combinaison de programmes massifs de sobriété et d'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Une réduction drastique de la consommation d'énergie à meilleur service rendu est possible dans des conditions économiques favorables, avec des bénéfices considérables en termes sociaux (emploi, confort), environnementaux (pollutions locales, climat) géopolitiques (réduction des tensions, développement des pays les plus pauvres, étranglés aujourd'hui par l'augmentation des prix de l'énergie). C'est dans le cadre d'une société plus "sobre en énergie" que les énergies renouvelables trouveront toute leur place.
8. La ligne THT à partir de Flamanville est justifiée et sans effets nocifs pour l'environnement et la santé
Faux
- Les risques et inconvénients de la ligne à très haute tension (400 000 Volts) d'évacuation du courant qui serait produit par la nouvelle centrale EPR implantée à Flamanville s'ajoutent à ceux de la centrale elle-même et des industries associées du combustible nucléaire.
- La longueur, le coût et les nuisances que causeraient cette ligne sont en particulier liés au choix du site dont l'opportunité n'a pas été démontrée, même dans la logique du commanditaire EdF. Il y a là des coûts supplémentaires qui seront payés par le consommateur.
- Tant du point de vue des exploitations d'élevage que de la santé humaine, les lignes THT sont loin d'être inoffensives et peuvent provoquer des nuisances graves.
Rien ne justifie d'ajouter une nuisance supplémentaire au fardeau déjà lourd des réseaux THT sur le territoire français en termes d'environnement et de santé. Les solutions alternatives sont nombreuses et le refus des populations locales parfaitement justifié car cohérent avec le rejet global d'un projet EPR "inutile et dangereux".